Un Tramway Nommé Souvenir
Il est posé à l’écart de la route, à la sortie de La Salle-en-Beaumont. Il est tombé en désuétude avec ses peintures écaillées et ses tags. Sur cet écriteau en bois accroché à la partie haute de son toit, quatre mots ont été peints dans un vieux rose bonbon : « Un Tramway Nommé Désir ». Clin d’œil à l’œuvre de Tennessee Williams, cette ancienne buvette marque désormais le paysage. Après des années d’abandon, ce wagon de tram recouvert par la nature est toujours présent.
Le voyage commence ici. Les kilomètres s’enchaînent et on découvre tour à tour un hôtel abandonné, une vieille discothèque rose, une stèle, une camionnette aux couleurs du drapeau américain, une pizzeria déserte… Je me suis arrêté devant tout ce qui me racontait une histoire décalée, parfois anachronique : des endroits fermés, des paysages abandonnés, des vestiges d’une époque révolue. Des rencontres, parfois insolites, rythment les kilomètres de ce récit, comme cette femme qui porte le nom de ma grand-mère, à l’exception d’une lettre de l’alphabet.
Influencé par la culture américaine du « road-trip », j’ai roulé des heures durant, et j’ai vu les paysages et les saisons défiler. J’ai tenté de photographier le charme et la poésie de ce qui a déjà vécu, pour, presque dans un acte de survivance, les empêcher de vraiment disparaître.
Ce voyage et les contours incertains de cette aventure le long de la Route Napoléon interrogent le temps qui passe, l’impermanence de toute chose et la nostalgie du vivant.